Pour une Europe de la sécurité
La cohésion croissante de l’Europe, telle qu’elle a été conçue il y a soixante-dix ans, reposait sur un élément essentiel : sur une promesse de sécurité pour ses citoyennes et ses citoyens. Après l’expérience de guerres terribles qui ont causé des millions de morts et de multiples souffrances, une conclusion s’imposait : c’est à la table des négociations, et non sur les champs de bataille, que nous devons trouver l’équilibre de nos intérêts. Paix et sécurité – telle est la promesse de l’Europe. La CDU s’y est engagée depuis sa fondation. La conduite des affaires de l’Etat sous l’égide de Konrad Adenauer, premier président de la CDU et chancelier fédéral, est une illustration de cet état d’esprit. La promesse de garantir la sécurité de l’Europe a été également un moteur principal pendant la guerre froide. L’achèvement de la réunification d’Allemagne n’a été possible que dans le cadre d’une Europe sécurisée et libre. Helmut Kohl le savait, la CDU le savait. Sans un engagement sans relâche pour la sécurité d’une Europe libre, la guerre froide n’aurait pas pris fin dans un climat de paix et de liberté.
Aujourd’hui encore, l’Europe doit relever le défi de la promesse de sécurité donnée à ses citoyennes et ses citoyens. Des doutes s’expriment quant à la capacité de l’Europe à répondre aux défis globaux actuels. Terrorisme, changements climatiques, révolution numérique, commerce international : tous ces thèmes suscitent des craintes.
Nous devons répondre à ces préoccupations avec de vraies solutions, pas avec des apparences de solutions, et nous devons donner des réponses simples. Une solution réelle et convaincante ne peut être qu’une réponse européenne. Oui, un effort européen est nécessaire pour que l’Union européenne pèse dans l’ordre mondial et pour qu’elle puisse continuer de tenir sa promesse de sécurité.
Une Europe de la sécurité n’existera donc que si l’Europe est prête à trouver son rôle dans un monde en mutation. Si l’Europe veut être un acteur global, l’Europe doit également agir en tant qu’acteur mondial. En tant que parti de l’Europe, la CDU est prête à y contribuer. Nous voulons faire avancer l’Europe, nous voulons rendre l’Europe plus forte, plus performante, plus sécurisée, plus dynamique et plus opérationnelle. La chancelière Angela Merkel a fait des propositions concrètes à cet égard.
Assurer la sécurité par une politique étrangère, de sécurité et de la défense commune
Nous proposons :
- La transformation des sièges non permanents des membres de l’Union européenne au sein du Conseil de sécurité de l’ONU en un siège commun de l’Union européenne.
- L’installation d’un Conseil de sécurité européen chargé de coordonner la position de l’Union européenne.
- Un Livre blanc de l’Union européenne, dans lequel celle-ci définit ses intérêts en matière de politique de sécurité.
- Une politique commune de défense doit être complétée par le développement de systèmes communs d’armement. L’Union européenne a besoin d’une force commune d’intervention et de règles uniformes pour l’exportation d’armes.
- Un renforcement de la coordination des services de renseignements et des organismes antiterroristes. Nous voulons l’installation d’une plate-forme de données communes pour lutter contre le terrorisme, la criminalité organisée et l’immigration illégale.
Assurer la sécurité par une politique de développement, d’immigration et d’asile commune
Nous estimons que :
- L’Union européenne a besoin d’un système commun en matière d’asile et d’une autorité commune pour le mettre en œuvre, idéalement aux frontières extérieures de l’Union européenne.
- L’Union européenne doit protéger ses frontières par une police des frontières européenne efficace.
- Conformément au principe de solidarité flexible, les Etats membres de l’Union européenne doivent contribuer selon leurs capacités respectives aux objectifs communs, que ce soit dans le domaine de l’assistance humanitaire, de la sécurisation des frontières, de la mise en œuvre des procédures d’asile, du rapatriement ou de la lutte contre les causes de l’émigration.
- L’Union européenne doit agir en commun afin de combattre les causes de l’émigration et doit contribuer à la sécurité de l’Europe en aidant à stimuler la croissance économique en Afrique.
- Une approche en réseau doit être développée en vue d’harmoniser la politique de défense, de sécurité et de développement dans les points chauds du monde, afin de prévenir des flux migratoires.
Assurer la sécurité par une union scientifique, économique et monétaire
Nous proposons :
- D’adapter les règles fiscales afin que les entreprises de l’internet paient également des impôts.
- Que l’Union européenne fixe pour objectif aux Etats membres d’augmenter leurs dépenses en matière de sciences et de recherche à hauteur d’au moins 3 % de leur produit intérieur brut.
- Que les pôles de recherche d’excellence travaillent davantage en réseau au sein de l’Union européenne.
- Que l’Union européenne élabore une stratégie commune pour étudier, développer et mettre en œuvre l’intelligence artificielle.
- Que l’union économique et monétaire se renforce, avec un budget d’investissement de la zone euro, un fonds monétaire européen et une action en faveur d’accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux.
Assurer la sécurité par une union de l’éducation, de la diversité culturelle et de la préservation de la création
Nous proposons :
- La création d’un Office européen pour la Jeunesse, inspiré du modèle de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse.
- L’extension des programmes d’échanges – en les ouvrant non seulement aux élèves, aux apprentis et aux étudiants, mais aussi aux jeunes professionnels, aux jeunes entrepreneurs et aux adultes dans le cadre de programmes de formation continue.
- Que des qualifications professionnelles communes soient mises en place dans l’Union européenne, y compris dans le système dual de la formation professionnelle.
- Qu’un billet inter rail gratuit pour les jeunes de 18 ans soit créé afin de favoriser les rencontres en Europe.
- Que se développe dans l’Union européenne une coopération structurée dans le dialogue avec les églises chrétiennes. En même temps, nous reconnaissons la nécessité d’une coopération dans l’intégration des migrants, en particulier de ceux de croyance musulmane. Nous estimons qu’une formation commune des imams en Europe peut apporter une contribution importante à cet égard.
- Que l’Union européenne prenne des mesures communes contre la xénophobie et l’antisémitisme.
- Que l’Union européenne se considère comme un pionnier dans la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat.
Assurer la sécurité grâce à une Union dotée d’une capacité d’action renforcée
Nous proposons :
- Que le nombre des membres de la Commission européenne soit réduit en vue d’une plus grande efficacité.
- Que, en fonction de leurs atouts respectifs, certains pays membres puissent montrer la voie dans des domaines d’avenir importants, par exemple les pays baltes dans le domaine de la numérisation.
- Que le travail du Parlement européen se focalise sur Bruxelles. Strasbourg, comme siège du Parlement, et Luxembourg, comme siège de l’administration, doivent être abandonnés.
- De préserver et d’institutionnaliser, pour les élections au Parlement européen, le principe de la nomination de têtes de liste des partis européens et, en même temps, d’institutionnaliser l’élection d’une partie des députés sur la base de listes transnationales.
Ce plan pour une Europe de la sécurité doit pouvoir s’appuyer à la fois sur des institutions européennes fortes et sur la coopération des gouvernements nationaux. L’Europe de la sécurité exige des Etats-nations qu’ils soient prêts, lorsque cela est nécessaire, à transférer des compétences à des institutions communes. Mais l’Europe de la sécurité ne peut se concevoir sans les Etats-nations : Ils confèrent la légitimité démocratique, ils permettent aux citoyens de s’identifier. Ce sont les Etats-nations qui définissent leurs intérêts propres avant de les fusionner au niveau européen. C’était l’idée fondatrice de l’Europe qu’avaient Adenauer et Schuman. Une idée dont, en tant que démocrates-chrétiens, nous voulons continuer de nous inspirer à l’avenir.
Avec ce plan, nous voulons renforcer l’Europe. Nous voulons que l’Europe, dans l’intérêt de ses citoyennes et de ses citoyens, reste capable d’agir et continue de tenir sa promesse de sécurité au 21ème siècle. La liberté, la démocratie et l’Etat de droit ne peuvent être garantis que par une action déterminée et courageuse. Si l’Europe n’avance pas, elle se retrouvera écrasée entre les forces mondiales. Nous ne pouvons et ne voulons pas prendre un tel risque. C’est pourquoi nous nous engageons pour une Europe de la sécurité.
Notre objectif : Une Europe sûre et efficace.